Didier ARNAUDET
The evidence of a certain roughness
1995

Christophe Doucet vise à une singulière clarté. Il fabrique, à l’aide de bois et de fer, des outils et des cabanes, des instruments tranchants et des abris familiers. Il n’y a pas matière à s’interroger. 

On identifie sans peine une charrue, un râteau. une hache ou une petite construction en planches et tôle ondulée. 

On remarque le caractère rudimentaire des éléments assemblés, une certaine rudesse dans la présentation mais sans pour autant douter de l’efficacité de ces objets et de ces constructions.

Ce qui frappe, c’est l’intensité de leur évidence et de leur nécessité. Or, c’est là qu’est le trait surprenant de la transposition. 

Ces objets et ces constructions trahissent une naïveté savante. Ils sont si transparents qu’ils deviennent les fantômes des alliances du monde et de l’esprit, de l’art et de la nature. De là, l’importance accordée aux dimensions du corps, à ses gestes, ses humeurs, aux ressources de sa concentration d’énergie.

Christophe Doucet remonte à la violence salutaire des initiations primitives. Il s’impose le souci de l’âpreté, de la dureté et l’impérieux désir de rassembler l’essentiel. 

Dans ses oeuvres, le processus d’élaboration est célébré comme le substitut d’un art rituel dont notre temps a perdu le secret. 

Christophe Doucet relève les défis du corps, des limites meurtrières de son existence, de la force de son absence, de sa lumière et souligne l’utilité d’adapter ses imperfections, ses faiblesses à un ordre général des choses, à l’équilibre de l’univers.

Didier ARNAUDET