David CAPES
Parce que les choses doivent être dites ...
1989
Parce que les choses doivent être dites et faites, Christophe DOUCET sculpte. Il veut que son œuvre soit vue, qu'elle apporte au public une joie à laquelle il ne pense pas. Par son travail, Il apprend le détachement du mol. Une quête mystique des origines le guide. Il veut redécouvrir la limite, Le signe, le mot, la phrase ; reconstituer la parole. Il vit en un temps où l'on met en forme la mort de l'art ; il veut mettre en évidence une préhistoire contemporaine. A l'écoute du capital historique charrié par la mémoire de ses gènes, il fait appel à l'autorité des origines pour signifier dans l'espace en utilisant des gestes premiers : casser, plier, lier. Il établit sa technique dans une disponibilité aux lois de l'espace tout en construisant son œuvre par un corps à corps avec la matière qui serait celui d'un art martial primitif. Muni d'un poste à souder, connaissant bien comment le métal se tord, se soude et s’aplatit, Christophe DOUCET, une fois situé dans l'espace, essaye d'acquérir le mouvement qui s'impose dans l'obéissance aux lois structurantes de l'environnement. Christophe DOUCET réside au cœur de la Grande Lande. Libre des contraintes et privé des avantages du milieu urbain, il profite d'habiter un lieu supposé culturellement vide pour approfondir la question du sens. Au moment de réaliser une œuvre, il sait qu’elle aura un "sens", ce qu'il ne connait pas c'est quelle sera sa forme. Au cours de chaque exécution, il a le sentiment d'un enthousiasme au sens premier de transport divin :
"De la seule révélation du mot "MODELEUR", proclamant devant l'humanité son pouvoir de façonner, une puissance telle se dégage, qu'elle est capable d'engendrer, dans le cours des âges, tous les arts que la main de l'homme peut produire." Extrait des écrits de Baha'u'llah.
La question du sens, Christophe DOUCET a voulu la confronter aux traces laissées dans la forêt ; à ces signes fonctionnels qui servent a délimiter le territoire des propriétés forestières. Dans cet acte de délimitation, Christophe DOUCET voit un geste parmi les plus primitifs. Dans sa recherche, Il a retrouvé dans le Livre de Moise, ce même geste auquel un sens nouveau est attribué :
" Délimite la montagne et déclare la sacrée ". Exode 19-23.
Ce n'est plus un individu qui délimite ce qui lui appartient mais une communauté de croyants à qui l'on signifie qu'elle se trouve liée à un Autre en la séparant d'une partie de sa terre.
Après s'être attaché à travailler sur les formes signifiant le territoire délimité, Christophe DOUCET a orienté sa recherche vers d'autres significations premières. S'est alors imposé la question du NOM parallèlement à une méditation sur le sens du sacrifice ; étant entendu que l'approche du Nom de L’Autre suppose un renoncement aux certitudes et quelquefois à l’Être même du moi.
Propos recueillis par David CAPES